Comment s’outiller pour prendre de bonnes décisions

On pense souvent que l’adoption d’un bon processus décisionnel n’est réservée qu’aux cadres et chefs d’État, mais, en réalité, chaque individu adopte son propre processus décisionnel, qu’il en soit conscient ou non. 

Qu’est-ce qu’un processus décisionnel ?

D’après l’OQLF, la prise de décision est définie comme étant l’action d’effectuer un choix entre plusieurs solutions, en fonction des objectifs fixés et compte tenu des informations dont on peut disposer

Donc, le processus décisionnel est notre façon de définir nos objectifs et d’identifier les ressources disponibles, tout en considérant l’impact que nos actions auront sur nos objectifs. 

En d’autres mots, c’est le plan d’action que nous établissons afin d’atteindre nos buts et nos objectifs. 

D’après une étude complétée par des chercheurs de l’Université Cornell aux États-Unis, un individu prend en moyenne 226 décisions par jour, et cette recherche ne comporte que la prise de décision reliée à nos choix de nourriture! On peut ainsi imaginer le nombre de décisions que chacun d’entre nous prend chaque jour!

Bien entendu, les décisions que nous prenons ne nécessitent pas toutes un processus décisionnel complexe. Il est important de clarifier qu’un grand nombre de ces décisions est pris de façon “automatique”, sans trop de soucis. Par exemple, le choix d’ajouter un sucre à notre café le matin a peut-être nécessité un processus décisionnel dans le passé, mais n’est devenu qu’une habitude de faire un choix répété jour après jour ;  jusqu’au moment bien sûr où l’on choisira peut-être d’éliminer le sucre granulé de notre diète. 

Qu’elle soit grande ou petite, importante ou insignifiante, chaque décision que l’on prend façonne notre vie d’une manière ou d’une autre, même le choix d’une cuillerée de sucre le matin! Toutefois, aux fins de cet article, nous allons nous concentrer sur ces décisions qui nécessitent un processus décisionnel complexe (un changement d’emploi ou de carrière, une séparation, un déménagement dans une nouvelle ville ou un nouveau pays, etc.) 

Les étapes du processus décisionnel

Un bon processus décisionnel comporte cinq étapes spécifiques qui aideront l’individu à faire un choix éclairé. C’est une méthodologie que chacun d’entre nous suit plus ou moins bien afin de parvenir à un choix.

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1. Comprendre la situation dans son ensemble 

Cette étape consiste à comprendre la situation au meilleur de nos connaissances. C’est à ce moment qu’on évalue le niveau d’importance que la décision à prendre aura sur notre vie. 

2. Définir les objectifs 

Nous avons tous des buts et des objectifs que nous aimerions atteindre. Lors de cette étape, il est important de clarifier quels sont les objectifs derrière cette décision spécifique et si celle-ci aura un impact à long terme sur les principaux objectifs de la vie.

3. Déterminer les options disponibles 

La prise de décision veut dire qu’il y a nécessairement un choix à faire. Voilà donc pourquoi il est important de déterminer les options disponibles. Les gens qui prennent de bonnes décisions ont tendance à savoir détecter toutes les options (ou solutions) disponibles dans une situation.  

4. Souligner les conséquences 

Chaque décision que nous prenons à une conséquence, qu’elle soit positive ou négative. Lors du processus de décision, il est important de considérer les conséquences possibles à court et à long terme.

5. Considérer les compromis 

Il est rare qu’on fasse des choix sans compromis. Il est donc important de considérer les compromis qui accompagnent chaque option afin d’évaluer les avantages et inconvénients de chaque option. 

Considérons la situation suivante afin de réviser les étapes du processus décisionnel: 

Le petit ami de Julie depuis deux ans, Martin, lui demande de l’épouser quelques semaines avant qu’il ne déménage définitivement en France. Julie est donc confrontée à une décision de vie majeure: accepter la demande en mariage de Martin ou la refuser. Cette décision implique également la décision de rester au Québec ou de déménager en France avec Martin.

D’après la situation ci-dessus, le processus décisionnel de Julie devrait procéder ainsi: 

#1 Julie comprend que Martin lui propose de vivre ensemble en France. Julie évalue le niveau élevé d’importance que cette décision aura sur sa vie: rompre avec Martin ou s’engager. 

#2 Cette décision aurait un grand impact sur l’atteinte des objectifs de Julie si, par exemple, un de ces buts serait de fonder une famille ou si elle convoitait un poste comme gestionnaire dans l’entreprise où elle travaille. 

#3 Les options disponibles pour Julie sont de rompre sa relation avec Martin ou d’accepter la demande en mariage puis de déménager en France ou accepter d’avoir une relation à distance. 

#4 Un exemple de conséquence négative quant à la décision de déménager en France serait de se séparer de Martin si elle décide de rester au Québec ou de se séparer de toutes les autres personnes dans sa vie si elle décide de partir. Une conséquence positive serait de vivre une nouvelle aventure, soit en France avec Martin ou en tant que célibataire au Québec.   

#5 Si elle accepte de marier Martin en France, la conséquence serait un mariage formidable en France, mais le compromis serait que certaines personnes qui lui sont chères ne pourront y assister. 

 

Quoique le processus décisionnel semble assez simple à suivre, en réalité ce n’est qu’un outil que l’on utilise, mais qui n’influence pas nécessairement nos décisions. Il y a au moins deux autres facteurs à considérer lors de la prise de décision: nos émotions et notre situation actuelle.   

La prise de décision: la logique Vs les émotions ?

On pourrait penser que le processus décisionnel est un processus qui est inévitablement rationnel, dans lequel nous utilisons exclusivement notre logique et nos connaissances (soit les étapes indiquées ci-dessus). Cependant, rien n’est plus faux. 

Bien que le processus de décision demande une analyse, une grande partie de la prise de décision est influencée par nos émotions plutôt que par notre logique ; et c’est une bonne chose! 

Nos émotions sont directement liées à nos expériences, nos préférences et nos valeurs. Si toutes nos décisions étaient prises en ne considérant que la logique, on finirait par rester pris dans la poursuite d’une vie qui n’aurait fière allure que sur papier.

 

En revanche, une problématique survient tout autant lorsque notre perspective des expériences passées est corrompue ou que nous ne sommes pas conscients de nos vraies valeurs. Dans l’un ou l’autre de ces cas, les émotions pourraient induire le processus décisionnel en erreur, car elles se reposeraient sur des facteurs internes non résolus. 

Si, par exemple, notre chère Julie aurait été très marquée par le divorce de ses parents lors de son enfance, ses blessures et cicatrices du passé pourraient venir troubler son processus décisionnel, la rendant incapable de passer à travers toutes les étapes du processus décisionnel. 

Nos circonstances actuelles

Il peut aussi arriver que nos circonstances actuelles vont imposer des obstacles au processus de décision, surtout sur notre capacité de percevoir toutes les options disponibles.  

Si, par exemple, Julie s’occupe de sa mère qui est malade, elle ne considérera pas l’option de déménager en France comme étant possible, au moins dans un avenir proche.  

En résumé

La vie nous amène toutes sortes de surprises, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Lorsque de nouvelles circonstances se présentent à nous, avoir un bon processus décisionnel peut nous aider à faire des choix plus clairs. 

Toutefois, ce sont souvent nos émotions et parfois même des situations hors de notre contrôle, qui prendront les rennes et influenceront nos choix. Ainsi, il est important d’avoir une bonne connaissance de soi à travers toutes les étapes de la vie. Cela nous permettra d’être bien équipés pour prendre des décisions qui seront alignées sur nos objectifs et nos valeurs fondamentales.